Bienvenue chez Philox & Jef Rossi

Vacance de toujours

Belles et Voyages [*]

[*] Besoin de voyage, évidemment ! Changer de paysage…
Même en chaussons dans l’immobile presque éternel de nos vies !
Les personnes voyageuses, elles, s’enfuient toujours de leur pays et nous font signe…
Vous, magnifiques migratrices ! Sans vous, que serions nous ?

Nous, voyages, colifichets, calembour au kilomètre
Coriaces dévoreurs d’opprobre
Couteaux qui ont toujours besoin de tranche
Traîneaux sonnant au loin sur la neige d’été
Coulées de lave dans le glacis d’amour…
Nous, califourchon sur la mer des sarcasmes
Coulée de bronze dans la prairie altière
Colibris dans l’océan pléthorique des habitués du désastre
Capharnaüm cavalier des oiseaux du transit estival
Ridicules insectes grillés aux vents d’autan…
Nous, câlins magnifiés dans l’aile du rapace
Piverts étanches soutenant le ciel d’insouciance pareil à nul autre devant nous qui sécha la terre, le bois, l’être occupé de son quotidien, voulions nous en remettre à vous…
Vous, belles personnes qui parcourez la terre et la route et la plaine, et le pays d’ici comme là-haut ou là-bas, dans le plus simple appareil qui vaille…
Encore que la nudité ne soit pas tout dans ce pays de grande apparence et de grand falbala…
Vous, mieux disantes et mâles vertus de la bourlingue
Que n’avions-nous jamais accompli l’acte de la bienveillance sans souci du possible ou de l’imaginable…
Mais simples d’esprit et de corps d’accompagner l’autre dans son geste et dans son soliloque avec l’univers
Avec l’aile du cauchemar, avec tous les animaux de l’arc-en-ciel…

Là-bas, si j’y fuis

Va voir là-bas si j’y fuis
On se sent si mal ici
Qu’on voudrait bien se barrer du bercail
Du vieil Eldorado qui s’écaille
(que dans le bruit de la moto de monsieur Mermet
Il y-a enfin quelque chose qui nous plait…
Il y-a enfin quelque chose qui nous redonne un peu d’air frais)

Vous vous rappelez : pour en finir avec la crise
Ça retournait sévère sa veste et sa chemise
Et quand le vieux coco de nous dire
Maintenant, faut se retrousser les manches
Alors nous on s’est dit :
Mais où sont passées nos vieilles grimaces
Dans leurs chemises, leurs têtes elles dépassent
En 89 quand la gauche s’est mise à bouffer tout son œuf
Qui c’est qui l’a dit sans le dire : moi je m’en viens vous faire du neuf
Cette émission pas banale qui nous soufflait comme un bluff
Et qui chantait…

On n’oubliera pas non plus monsieur Mouna, le cycliste utopiste
Colportant sur tous les toits, ses colères pacifistes
Ni les enquêtes modestes et géniales de monsieur François Ruffin
La vie des gens et des surveillants dans l’hyper Auchan tout près d’Amiens
Ce diablotin, ce chérubin qui nous sifflait son refrain
Et qui disait…

Tant les échappées en Inde en Russie, aux Etats Unis
Pour dire que le chaos, c’est là-bas comme ici
Tant la vie du balayeur africain de radio-France
Nous invite à bricoler nos vies comme des transes
Nous invite à bricoler nos vies comme des errances

Le cratère à la gorge [*]

[*] Quand j’étais petit, les vacances, c’était juste sortir la table pour manger dehors sous le chèvrefeuille à la fraîcheur des nuits de juillet. Pas de vacances pour mon père qui hurlait dés que Pompidou apparaissait à la télé. Il devait travailler plus (!) pour simplement survivre encore quelques temps dans sa petite ébénisterie. On nous avait dit que nous venions comme tous ceux du village d’un vaste peuple nomade qui fabriquait des paniers et qui s’était installé autour du château…

Bénignement, il chouine devant la sucette du succès
C’est juste un air de plainte pour rien, comme un regret
Il aurait été commode d’être reconnu comme un people
D’être managé, d’être overbooké comme le lait dans la casserole
Descendre de sa montagne de grand orgueil
Chevaucher savamment sa belle sous l’œil hagard des bouvreuils
Sentir la honte et puis la foule devant le sodomite
L’araignée qui tricote et la mouche qui lave la vitre

Mais nul ne saura ce qu’il fabrique
Ni la ménagère, ni le vieil ado, ni le cadre dynamique
Il reste attaché à sa vieille pelure d’orange
Il est cette petite fourmis et que nul ne le dérange

Je n’aimais pas petit entendre l’alerte à incendie
Il me semblait voir à nouveau la guerre faire ses petits
Toutes ces villes partir en fumée comme autant d’artifices
Le regard lubrique de la foule pour tout crime pour tout supplice
Et c’est mon père qui était autrefois marchand de chaises
Qui un jour par grand beau temps m’avait vraiment mis à l’aise
Le monde est ce beau fruit bien sur qu’il te faudra croquer
Assied toi dehors et passe à table devant la belle nappe d’été
Il savait qu’il n’irait pas longtemps du côté des nantis
Que le monde conforme a toujours son petit côté pourri
Qu’il est urgent de se mettre en colère ou un cratère à la gorge
Pour qui chantent ce matin le pinson et le rouge gorge ?

Vacance d’été

M’étirer L’oiseau Comme Jamais [*]

[*] C’est un paysage de bord de mer. C’est une marine. On entend le bruit de l’homme quand la marée vrombit ; le bruit de l’oiseau qui s’étire au milieu du silence des baigneurs et de la caravane publicitaire. Plus loin à quelques pas de l’autre coté de la montagne : Barcelone qui ronronne et son musée du peuple.

Nous vivions allègres en contemplant la mer calme et vierge dès le matin… Nos vies étaient aussi simples que les enfants de la plage. Seule, la pâleur des voiles nous distinguait d’un autre jour.
Nous méfiant de nous mêmes comme on nous l’avait appris, nous figions nos cœurs vers des hauts mâts toujours en balancement. Mieux qu’un cormoran, un homme au corps d’albâtre à la musculeuse charpente s’essayait à plonger, batifolant dans l’écume comme un dauphin rieur.

Et je vis ma fiancée torride au sourire intense, aux mamelons tout ronds m’étirer l’oiseau comme jamais elle ne fit… Nous filions d’algériennes siestes que la stupeur touristique venait de temps à autre interrompre. Et je bramais si fort, au dessus de la voix annonçant les spectacles du soir.
Nous avions choisi de nous enfuir vers des plaisirs parfaitement licites avant de nous rendre dans la javel des rêves. Et nos rêves comme autant de pelures qui nous protégeaient de la torpeur des jours à venir…
C’étaient des temps de configuration intensive où l’être se perdait dans le néant des vents d’ouest. La massification du nous, foules hébétées par la vacance consumériste nous faisait cheminer vers les cliquetis définitifs du chaos.

Le Musée Du Peuple

Villes factices parfaitement reproduites à l’identique. Touristes de nos propres vies, contemplant nos places de villages et nos coutumes comme des ethnologues.
Hôtel de la visitation au musée du peuple. C’est un petit cercle de rues enchâssées où nous pouvons admirer de vieilles brodeuses… Nous filons à l’anglaise entre les œuvres de grands maîtres, essayant l’invisible comme posture centrale au milieu du siècle du tout pour ma grande gueule…
C’est l’apologie du rêve américain : tout le monde dit « I love you » dans un décor de vacances entre deux chevaux et Cadillac. Tout le monde poursuit sa route 66 et se plait à répéter 666 devant le premier calviniste appuyé sur le décor en vrai de ses années Elvis.
Et puis ricanons, ricanons tant qu’on peut. Que verrons-nous encore de nos vies quand le formol de la cupidité nous aura définitivement absous de l’idée d’aller vers l’autre ?
Combien serons-nous encore à nous insurger pour dire que le spectacle donné par la mise en scène de nos vies est toujours aussi pitoyable que le chacun sa maison, chacun son confort… Et gloire au plus fort !!!

Travailler Moins [*]

[*] Avec les amis de la Balayette, nous avons fait toutes sortes de « Rêveries » ouvertes au plus grand nombre… La dernière fut la plus folle qui permettait dans un site classé de notre ville de faire la sieste collective dans un environnement revisité par un groupe de décorateurs dont l’unité architecturale était…le transat. Danihel Béguin dont l’œuvre fut pour une partie importante, consacrée à cet objet ô combien symbolique en fut le maître d’œuvre. Que ces mots et cette musique lui soient dédiés…

Travailler moins
Pour aller loin
C’est bien.
Et siester plus
Pour rêver davantage
C’est mieux.
Même pas pour fermer les yeux
Même pas tout seul dans son pieu.
Mais dans des transats
Ou des hamacs
C’est bath
Et tous ensembles
Il ne faut presque rien pour que le pouvoir tremble.
Et ça lui ferait du bien
À celui d’aujourd’hui
De trembler un peu !
Siesteurs de tous les pays,
Unissons-nous !
Le jour de Rêve est arrivé !
Rêvons par tous les bouts !

Rêve Général pour les femmes
Les enfants et même nous !
Drôles de grands méchants loups
Crevés, sur les genoux…
C’est tout !
C’est tout…

Vacance d’hiver

Itinéraire d’un enfant gâté de Picardie.

Étape 3 : dans un parc à Abbeville, ville célèbre pour ses maisons dites hantées ; mais ce jour là balade au sein d’une exposition de photos géantes.
Étape 2 : on va se baigner, mais pas n’importe où ; dans la grande piscine de l’Aquaspace.
Première étape : dans l’Aisne à Guise, un musée tellement précieux qu’on prend tout son temps avant de s’y rendre.
Les vacances sont presque finies, on se doit de faire son devoir de vacancier comblé.

Chez Mon Sieur Godin

Nous filtrerions l’improbable au travers de nos muscles flétris par le temps et les alizés nauséeux. Pour la devanture, nous passions chaque jour la balayette et le chiffon au bout de grandes perches qui nettoyaient le ciel, rompu à l’azur bleu de porcelaine.
« Tout ce que tu nidifies est amour » braillaient les scarabées. C’était la fin de l’été aux bistrots du centre et les radios chantaient l’amour à tout va entre les pubs ; et tous les mamans-papas préparaient la rentrée dans l’agitation des caisses.
Il faisait doux encore pour la saison et nous au lieu de rentrer, pour suivre pas à pas, l’angoisse de rigueur diffusée par le sérail des argentiers médiatiques, nous plaisions à nous égarer dans les moustaches de l’archiduc de Guise afin qu’il nous concocte quelque nouveau phalanstère à nous carrer dans les brumes de ces temps épiques…
Oui, car s’attarder au Palais Social, c’était Versailles avec tous nos pères les communeux, avec toutes nos sœurs et frères qui s’agitèrent pour les bords de mer en 36, tous les chemineux immigrés aussi dont la tête explosa sur les grilles de Charonne ou dans les fonds de Seine !
Nous traversions ainsi des corridors, des buanderies, des pavillons où l’air et la blancheur de la lumière semblaient nous appeler à l’heure des combats avant que le monde ne dérape, à l’heure où mon sieur André Godin nous chauffait plus que mon sieur André Citroën.

La cafétéria de l’Aquaspace

Dans la cafétéria de l’Aquaspace, le mobilier est très rouge abrasif. Le siège dessin sur lequel le corps papier s’appuie est silencieux… et le serveur vieil élève dans la garde du parking à caddys fait vibrionner sa mâchoire de poisson dégluti.
La commande en café, sodas ou autre cake déraisonné.
Par les lointaines sidérurgies de l’horizon agro-alimenté peut se passer par le simple clignement d’yeux… Le garçon ne vous sert pas toujours avec son grand plateau à bordures très molles tandis qu’un baigneur s’ébroue dans les travées des armoires à canettes.
Chaque client a les yeux perdus dans l’eau delà du simple nageur : cette courbe d’épaule qui ruisselle, l’ondulation du plongeur au dessus du ressort ou l’œil exorbité dans la lessive à grandes battoires du crawler de fond et qui s’ébroue dans l’écume du jour.
Les cris rafistolent les vieux enfants virevoltant dans les arcs-en-ciel de plastique fluorescent tandis que des groupes de mamans en gros bonnet fuchsia font flotter leurs beaux seins goûteux au dessus des fontaines à bulles…
Le bain est très chaud et même derrière la vitre, le client perçoit les soubresauts du corps affolé de plaisir et rendu dans son immobilité d’apnée par l’œil fétide du maître de bassin perché sur son grand escabeau…Tout ça se chante dans la cafétéria de l’ Aquaspace où il ne fait jamais ni froid, ni chaud…

Un parc à Abbeville

C’est des oiseaux accrochés dans les arbres. Le parc en est plein qui se déploient, qui mugissent et tricotent avec le vent. Ils sont plus que bicentenaires pour certains qui vont chercher loin dans la terre, les ressources premières…
On se sent bien dans les parcs ou dans les bois. Les forêts aussi bien-sûr, même si elles sont un peu trop bien élevées. Tellement bien ratissées. On s’y perd. Mais voyez vous, on s’y sent respirer. Comme disait Germaine, les arbres sont presque tous gentils.
Les oiseaux, c’est pas pareil. Dans ce parc là, ils sont énormes, sur des posters accrochés aux arbres. Mais à bien y écouter de plus près, ils sont tellement absents. C’est un silence de photographe où seule la lumière vibrionne. Seul aussi, un petit moineau de rien et muet picore le bord du cadre. Il faudrait certes qu’il le picore tout entier pour qu’il devienne à peu près aussi visible que celui sur la photo. S’il le faisait, on sait que certains de ses congénères se remettraient à chanter. Et de très près, on le verrait… C’est le fantôme, celui du chevalier De la Barre qui nous revient, sa chanson des Grands Arts. Sa langue, ses os et son Voltaire craquettent et brûlent comme au siècle des Lumières…Le marchand de forêts qui s’occupe du parc lui aussi à sa manière est photographe. Sauf qu’on s’y trompe. Il plante un peu de forêt en ville. Nous on y croit !

Les Hortillonnages [*]

[*] Fantôme chevalier à large chapeau d’Abbeville ou photographe d’Amiens évadé des camps de la mort. Mr Delabarre, Mr Pelozoff !!!
Autant d’images d’espaces reflets dans le silence des arbres et de l’eau et des animaux… et qui nous fit chanter moi comme celui qui se tut en moi.

Les baignades au creux du paysage verdoyant, les barques, les passerelles et les jardins resserrés derrière le bien-fondé de leur clôture.
Les grands arbres, les reflets au dessus des nénuphars, les canards colverts tout au long des hortillonnages. L’odeur de vase et de saules pleureurs qui trempent dans les bras de la Somme !
Nous arrivons dans le rieux de l’Abreuvoir où derrière les impatiens, des enfants préparent l’apéritif et le feu… Derrière les cabanons des tourbières, des jardins luxuriants trônent au milieu des îles comme de discrets paradis gagnés sur les marais. Le bateau avance sans un bruit dans le silence des eaux à proximité des urbaines raisons…
Plus loin, la balançoire abandonnée derrière le céleri, l’amarante et le mouron. Les jardins sont rachetés, les destins courent le long des parcelles. Des épouvantails pour nous le rappeler ; les propriétaires protègent leur berge une fois la barque arrimée.
Bordures de capucines et champs de citrouilles, le petit vent du soir plane sur les surfaces d’eau. Nous glissons devant la guinguette du vert galant où s’enfuit une petite colonie de rats musqués au milieu de la rumeur des touristes. Quand le batelier nous demande de nous lever devant le jardin vainqueur, un héron cendré nous salue dans son immobilité…

Le jardin paradis [*]

[*] On est plusieurs à l’intérieur. Ce pourquoi « je » est sûrement un autre. Mon nom n’est sûrement pas celui auquel vous pensez, bien que par ailleurs je lui ressemble presque fidèlement. Nous sommes ensemble entrés au jardin-paradis boire un coup chez des amis. Nous avons aussi mené bombance sur des plateaux de cinéma au côté de Peter Falk ou autre transparent, puis dans des chambres de soins palliatifs, des routes qui n’en finissent jamais. Oui, je suis au milieu du rond-point et j’ai des ailes dans le dos.

La chaise longue trône à côté du transat venu du fond des âges au milieu des pommiers et des poiriers. La table d’été prospère sous la tonnelle de glycines où la maîtresse de maison a délicatement posé sur la nappe cirée son délicieux crumble aux mirabelles.
Les ombres s’esquivent entre les tilleuls et les pêchers après la tonte des kiwitiers : l’artiste du vallon, le contrôleur des plaines va chercher la vieille ficelle de valeur dans sa boite en bois brut pour faire des fagots qui tiennent avec toutes les branches des arbrisseaux ; elles envahissaient le voisin dont l’âne braye à tue tête pendant que nous terminons les nœuds. Nous les posons à côté des grands sacs de papier où folles herbes et feuilles séchées emportent avec eux quelques grillons ayant chanté les soirs de lune sous les grandes pâles de l’éolienne presque muette…
Les arbres ont grandi autant que les enfants et quelquefois plus hauts que la maison refaite au lait de chaux. Les arbres se souviennent aussi des amis qui leur avaient fait faire le voyage et c’est un peu pour ça qu’ils donnent autant de fruits.
Derrière le jardin paradis, toute une communauté de vie dont Eve fait partie. Et sur la plate-forme montée à la cime du grand merisier, plus d’un amoureux s’est laissé aller, emporté par la caresse des nuages…

Vacance intérieure

La bobine et le râteau [*]

[*] Mettons que le couloir intérieur de nos vacances se déroule sur un plateau magnifique où se rencontrent des génies : Charlie Chaplin, Jacques Tati, Wim Wenders, Pina Bausch, et… Thierry Loiseau ! Photos !

Tourne la bobine plus loin que la Chine
Le rêve est Lumière tout comme les Frères
Tourne la bobine la pellicule fine
Dans le clair du film, on voit monsieur Chaplin
C’était donc ça, les temps modernes
Le binaire, le 1-0, le rêve en berne
Les religions dans le trou du fion
L’apocalypse, Hiroshima, la solution…
Tourne la bobine plus loin que la Chine
Le rêve c’est la bande-son que tu entends tout au fond
Tourne la bobine, la pellicule fine
Il grommelle, il grogne, il crie, et c’est monsieur Tati
C’était enfin les vacances de Monsieur Hulot
Qui court après le temps dans sa petite auto
Dans sa maison de pension où l’on fait bien attention
À ce que les enfants soient rois et les adultes pions…
Tourne la bobine plus loin que la Chine
Le rêve n’est pas une science mais une déficience
Tourne la bobine, la pellicule fine
Fauteuil à la renverse, voici monsieur Wenders
C’était donc çà, les ailes du désir
Tu souffres en silence et tu prends ton plaisir
Au dessus des toits, on voit l’anonymat
Des râteaux en armées, des parabolisés…
PS : le dictateur, the Kid, l’école des facteurs, jours de fête,
Pina en 3D, l’angoisse du gardien de but au moment du pénalty.

Le crabe [*]

[*] C’est un crustacé sympa qui marche de guingois et sans se presser et en même temps, c’est tout un espace du spectacle des vacances immédiatement dessiné avec ses lunettes, ses parasols, ses bouées et ses kilomètres de corps allongés… Faut-il faire un si grand pas de géant pour en arriver à la maladie qui vous cloue au lit d’hôpital définitivement et qui fait de vous l’éternel vacancier ???

Il a chopé un crabe en plein cœur
Et voici que sa vie se met à glisser comme du beurre
Il a chopé un crabe à pleine gueule
Et voici qu’à pleine bouche, il embrasse le monde et le dégueule
Oh la la la, la belle matrice que voici
Sur laquelle je m’échine et je me plie
A plier pour qu’au tréfonds de ma tuyauterie
Le poisson-chat n’attrape jamais la souris

Il a chopé un crabe en plein ventre
Et voici que le malin le charrie dans son antre
Il a chopé un crabe en plein foie
C’est finalement le timbre sur la vie qu’on avale qui fait foi
Oh la la la, où est la lumière qui s’en fut
Dans quelle allée ont piétiné tous les déçus ?
Tu t’es penché au dessus du fleuve des mondes disparus
Et tous ces visages au fond du ru, ce que tu as vu, tu l’as vu

Il a chopé un crabe en plein zob
Et la vie de ses contemporains comme celle des microbes
Il a chopé un crabe en plein capital
Et ses bourses et ses trésors de guerre lui furent fatals
Oh la la la, la belle vie pleine de roses
Au dessus du cercueil, tourtes ces voix qui se causent
Oh la la la, la belle éternité qui nous tracasse
Pendant ce temps, Mr Blingbling, ses actionnaires se décarcassent

Les vacances de l’ange

Jusqu’au lendemain, je boudais l’astre mort et son turn-over. La nuit, tout se mettait à chahuter, et quand au matin, les murs retournaient à peu près à leur place, c’est les oiseaux en fanfare qui braillaient à tout va devant la fenêtre.
Ouais, bon… ça sentait le printemps (ou l’été)…pas une raison pour nous empêcher de dormir !
Tu disais je kiffe la nuit avec toi en shootant le petit matin dans une canette de coca esseulée sur une grille d’arbre. Je te prenais par les épaules en te racontant l’histoire de l’ange en vacance qui met son doigt au dessus des lèvres de l’enfant pour lui apprendre le secret.
Je t’envoyais du salpêtre dans le dos sur le manteau pour que tu paraisses être d’époque vraiment. Un ange bien dans son temps faisant du stop au milieu du rond-point, l’un des 450000 de notre bon pays, si généreux, si bon payeur coté carrefour organisé.
L’ange disparu sous l’œil scrutateur des caméras de contrôle, toutes les religions s’affolaient : c’était des nuées d’insectes qui dévastaient les yeux des uns, dévoraient les cœurs tendres, les transformant en autant de signes durcis devant le miroir sans teint des fanatismes de tous genres.
En même temps que penser des modérés se dorant la pilule sous leur vie si raisonnable et tristounette ? Si ce n’est le fameux truc du… Ouais bon, ça sentait le printemps…

Ainsi parlait Thierry L’oiseau [*]

[*] C’est l’histoire d’un ami qui est toujours un peu là et pourtant déjà si loin. Et c‘est l’origine du monde bleu… Celui qui permet toujours de revenir aux belles et au voyage…

Nul ne m’assignat de l’endroit où je devais aller. Comme tout grand voyageur, des Huns jusqu’à Théodore Monod, j’affectais autant le monde des objets que celui des animaux. J’aimais à me promener une plume dans mon chapeau. Une dent d’ours ou de puma attachée au bout d’une ficelle sur ma poitrine douce.
Comme tout grand voyageur, c’est le tableau de nature morte qui nous emporte d’abord : un cadre de fenêtre, un faisceau de lumière, quelques miettes et le petit gobelet de métal fin qu’on mettra à la fin dans la poche pour rejoindre les grands paysages. Nature morte aussi que sont les immensités de sable et d’eau.
On ne voyait pas non plus différemment le grand bazar céleste qui nous surplombe. La lune était ma copine morte depuis longtemps et qui continuait toujours à nous faire de l’œil… Quand à Vénus, Mars, Orion, Belthégeuse, ils scintillaient de tous leurs feux grandioses à peu près pareil que la petite guirlande enroulée en pelote à côté du sapin au-dessus de la loupiote que j’allume le matin pour me raser lorsque le soleil dort encore et que je dois prendre la route.
Après seulement vient le monde des animaux et son cortège doré des chasseurs monochromes. Toujours depuis Nemrod, les mêmes êtres dans une éternelle fuite piétinent ils à l’autre bout du monde. Montagnes, déserts, océans, effacez-nous afin que ceux qui vivent indéfiniment dans le même pays, puissent respirer…

Vacance / Philox…

Vacance de toujours

1 - Belles et voyage
2 - Là-bas si j'y fuis
3 -Le cratère à la gorge

Vacance d'été

4 - M'étirer l'oiseau
5 - Le musée du peuple
6 - Travailler moins…
7 - Chez monsieur Godin

Vacance d'hiver

8 - Dans la cafétéria de l'Aquaspace
9 - Un parc à Abbeville
10 - Balades en hortillonnages
11 - Le jardin paradis

Vacance intérieure

12 - La bobine et le râteau
13 - le crabe
14 - les vacances de monsieur l'Ange
15 - Ainsi parlait Thierry Loiseau

Prélude à la « Vacance »

1- (de vacant, « absent ; oisif ») au pluriel, vacances… 2- (de vacant, « libre, vide »)… » Dictionnaire Le Petit Robert…
Après avoir abondamment mis en scène plusieurs de ses « vies minuscules »-pêcheur de lune, marchand de boutons et autre allumeur de réverbère- , après avoir témoigné de sa rencontre avec les bateliers de l’Oise et de tous les points d’eau qui y convergent, Philox nous propose à présent d’aller prospecter du coté du souvenir impérissable de vacances et du besoin de voyages comme autant d’utopies désignées et de chemins d’expériences réalisées…
Il s’agit ici de dresser une carte des lieux de plaisir spécifiques reliés au temps libre et au besoin de jouer, de s’émouvoir dans des espaces typiques de régions précises: l’Aquaspace à Beauvais, les Hortillonnages à Amiens, le Familistère Godin à Guise, le Musée du Peuple à Barcelone. Il s’agit aussi de témoignages sensibles et nourris de nos fantasmes collectifs sur des espaces généraux toujours reliés à nos temps libres : le bord de mer, le parc ou le jardin bienfaisant, le voyage à l’étranger comme une main tendue vers les nomades, voyageurs éternels…
Il s’agit enfin de peindre une ambiance d’ensemble propre à tout l’espace du temps libre et du loisir dans laquelle la radio, et l’ensemble des écrans successifs, le cinéma ou la maladie sont omniprésents en temps que médium comme en temps que domaines. Les suspendre dans une critique radicale et les relier aussi à l’étrangeté de souvenirs sensibles et personnels qui les irradient de ce parfum de voyage et de paix et caractérise si fort le temps de la vacance estivale… hivernale ! Voir enfin intérieure et de toujours !
Paroles, musiques et chants : Philox
Sauf musique 6 : Jérôme Jasmin
Guitares, oud, ukulélé, cistre & arrangements : Jérôme Jasmin
Accordéons, accordina, claviers & arrangements : Philippe Mallard
Contrebasse : Fabrice Leroy
Percussions, trombone : Fabrice Thompson
Violon : Jean-Baptiste Frugier
Prise de son et mixage & arrangements : Mathieu Marietti
Enregistré à la Maison de la Balayette du 24 au 29 avril 2011
Mixé au Studio Agen en juin et juillet 2011
Mastérisé en août 2011 par Bruno Gruel pour Electra Mastering
Photos et livret : Pascal Valu
Visuel principal sur une œuvre de Danihel Béguin
Intitulée : «  Réservé à Alberto G. » réalisée en 2005
Remerciements à ses enfants : Nicolas et Mathilde
Avec le soutien de :

La ville de Beauvais
Le Conseil Général de l’Oise
Produit par la Balayette à Ciel