Bienvenue chez Philox & Jef Rossi

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Chansons sur l'établi...

"Origines et métamorphoses", tel est le titre du nouveau carnet en poche...
Des chansons en surgissent ainsi qu'il en fut de mes autres projets: "Vacance", "L'écluse", "Pêche et Pomme"...
Évidemment ces textes évoluent un peu en fonction des humeurs et des harmonies qui se jouent chaque jour déjà depuis quelque mois jusqu'au projet qui peut-être arrivera à la chanson devant des oreilles officielles...
En attendant, soyez les premiers avec moi à vous coltiner la naissance de ces nouveaux enfants...
Et qui sont autant de bouches à nourrir !!!
Et à comprendre...
N'hésitez pas à intervenir !!!
Soyez actifs dans la cohorte de parents patients face à tous ceux-là si vivants et si bruyants !!! (Quitte à les mutiler si le besoin vous devenait impérieux.)

Origines et métamorphoses

1 - Origine de la roulotte

Pourquoi nous nous mîmes en route ?
Y-avait-il une raison ?
Ce cheval et cette roulotte attachés à notre enfance, avaient-ils la force de traction pour nous arracher à la monotonie des industries compatissantes ?
Que s’était-il passé pour qu’autant de jeunes gens questionnent l’inquestionnable ?
Et ce qui ne se questionne pas, valait-il qu’on s’y arrête à ce point ?
Quelle folie avait soudainement pris tant d’enfants atypiques pour dire d’une même bouche que le roi était nu autant que l’objet industriel était poison, muté par son principe de production ?
Qu’importe si nous poussions notre logis aidant notre cheval dans les côtes, autant que nos muscles nous y autorisaient, mais combien serions-nous la nuit à dormir dans la paille, tout émoulus par l’éveil de nos sens et l’indiscrète frayeur des jours à venir ?
Et combien serions-nous à rester éveillés, la nuit venant, à la lumière de la lune, projetant devant nous l’image de jeunes vieillards à genoux devant le confort high-tech de consoles et de diverses autres babioles à emporter dans nos poches ?
Et ce même confort qui écraserait les bienveillants de sa chape de plomb définitive parviendrait-il à conduire le silence qui fait qu’au printemps l’épouvantable épouvantail secoue ses plumes sous les oiseaux éberlués ?

2 - Métamorphose de la docilité

Quoi ! Nous n’avons pas pu nous faire géants !
Et ce grand ours caché au fond du seau, que n’avait-il retenu en lui pour ne pas nous arracher un bras quand nous allions chercher de l’eau au lieu-dit de la Source, au centre exact de notre forêt des rêves !
Et cette force colossale cachée au fond de nos jambes !
Oh que nenni !
Avions-nous dit, quand certains résistants allongés sur la mousse avaient insinué qu’elle était au service de la grande vélocipédie du capitalisme triomphant !
Oh que nenni !
Avions-nous encore dit, quand les chevaux hennissant dans leur épopée sauvage nous faisaient rougir de honte, abasourdis que nous étions par l’indéfectible obéissance à laquelle nous nous devions de rendre compte, chaque soir venu !
Allez ouste !
Fichez donc le camp, vieux démons de la docilité permanente !
Que notre route accomplie, vous vous miriez dans le miroir parfait de nos consciences gelées et qu’enfin puissiez prendre peur !
Oh ! Connaître enfin la frénésie des hurlements remontés du fin fond des corridors de vos cauchemars !
Et que sur l’échelle de soie accrochée à la chevelure mouillée des merveilleux nuages, tous les lapins, les belettes et musaraignes veuillent bien nous rattraper par la manche avant que nous nous enfuissions pour toujours !

3 - Origines des boules

Pourquoi à chaque nouveau solstice d’hiver, ces vieilles boules occupent nos gorges, insidieusement sans nous quitter jusqu’à la purge finale du calendrier de l’année ?
Sommes-nous si indifférents à nos émois, qu’encore une fois, il nous faille nous abandonner à la monotonie des pacotilles de réveillons ?
Et cet éternel obscurantisme qui nous maintient sur les parkings des grands magasins et des marchés bios ?
Combien de décennies, combien de siècles avant que les enfants ne se rebellent et ne jettent aux orties les papillotes obligatoires ?
Faudrait-il une si grande secousse pour que nous préférions le visage désolé des marchands asphyxiés sous leur pyramide de machin-choses à l’éternelle figure par laquelle nous renouons le pacte des cadeaux avec la conserverie des vieilles idées du néant ?
Comment fêter toutes les merveilles du Gui l’An Neuf lorsque nous savons par cœur comment nous signons chaque fois avec les symboles et les signes ostensibles, notre contrat indéfectible de soutien aux conservatismes éternels ?
Et comment dans ce merveilleux pays de la misère soufflant à l’échelle de la planète, pouvons-nous encore autant collaborer ?
Et renouveler chaque année, nos symboles de soutien ???

4 - Origines de la tristesse

Combien de routes un enfant doit-il faire avant de construire sa maison ?
Et combien de guerres faudra-t-il à ce même avant que sa joie ne s’éloigne ?
Combien de morts rangés dans ses valises avant de devenir beau ?
Pourquoi donc écouter ce petit vent malin sorti de bouches qui n’ont plus rien d’humain ?
Combien de fois l’oiseau doit se froisser avant qu’il ne rejoigne le ciel ?
Combien de fois un peuple est-il trompé avant que sa révolte ne gronde ?
Et combien de colères faudra-t-il à l’esprit avant que de blanchir la page ? Combien d’oreilles faut-il à l’homme heureux avant d’entendre l’autre pleurer ?
Combien de fleuves faut-il à l’âme humaine avant de panser sa tristesse ?
Et combien de vies faudra-t-il à l’erreur avant qu’elle ne sorte du lit ?