Bienvenue chez Philox & Jef Rossi


Chansons en secret

Biographie confidentielle/ Philox

1 - Le goût pour la musique

« Chez nous, il n’y avait pas de piano dans le salon. D’ailleurs, à bien y réfléchir, il n’y avait pas de salon. Il y avait bien la salle à manger et le canapé où je dormais avec ma soeur et son électrophone. Nous écoutions Adamo, Tchaïkovsky, Dalida, Dvorak, Cloclo, Léo ferré… Beethoven… Un jour, avant de dormir, elle me dit ; tu t’appelles philodendron ou phylloxéra ; Philox, répondis-je. J’avais 6 ans.
Nous ne mangions jamais dans la salle à manger, sauf les jours de fête quand nous sortions le grand service pour les tontons et les tatas… Ce jour-là, la musique, c’était quand chacun se levait pour chanter sa chanson, car chacun avait sa chanson éternelle, si j’ose dire. Nous écoutions religieusement les grands. C’était la fête !
Religieusement, je frémissais de plaisir à l’éveil de tous mes sens dans la lumière de la sainte église où je servais la messe, submergé par des torrents de foi qui m’emportaient dieu seul sait où. Et puis, il y avait les filles du pharmacien que j’aimais bien et qui jouaient des grandes orgues. Chez elles, on écoutait Mozart et l’on se pâmait d’extase devant le génie. Les grands-parents surtout ! Mais les filles aussi, presque autant. Un jour qu’elles m’avaient ramené de la messe jusque chez nous, descendant de la voiture, je trépignais de joie en leur annonçant la bonne nouvelle : je vais voir Claude François à la CGT, le jour du 1° mai. C’est mon père qui m’emmène. Et les filles d’hurler de dégoût comme devant Satan en me tirant la langue. Ce jour-là, ma distinction à moi devint soudainement lumineuse. Je serais balayeur. Et mon inspiration personnelle serait de balayer l’univers sale. (Merci beaucoup, monsieur Bourdieu, de m’avoir pris dans vos bras…).
Il y eut aussi les cours chez madame Lecoq, car j’étais mauvais en orthographe vers l’âge de 14 ans. Elle donnait aussi des cours de piano et un jour devant mes yeux ébahis, elle me dit gentiment : toi, tu aimerais faire de la musique… J’en parlais à ma mère qui me répondit : chez nous, on ne veut pas d’histoires. Tu as le terrain de jeu et l’église… »

2 - Le choc des guitares

« Oui, mais il y avait la guitare. Remisée dans la chambre de ma grand-mère. C’est mon frère qui l’avait gagnée à la loterie de la Caisse d’Epargne et je crois bien qu’il n’y avait jamais touché. En catimini, je commençais à gratouiller, dans le bien-être de la maison ancestrale. Les chansons des français qui avaient chanté Bob Dylan ou Pete Seeger car la tempête commençait à gonfler en moi ; et n’était pas loin, le temps où elle envahirait tout le ponton…
Oui, le bateau familial et paroissial allait tanguer quelques années plus tard, lorsque prévenant par une lettre déposée sur mon lit de mon rejet unilatéral des valeurs qui m’avaient été transmises, je m’enfuyais telle une bête traquée, réfugiée au fin fond de la forêt. La phrase ainsi écrite fait jolie, mais la vérité était plus prosaïque. J’avais trouvée du travail en intérim à la biscuiterie nantaise et me nourrissant des fameux gâteaux, j’allais le soir dormir à l’ombre des arbres de Compiègne qui bordait l’usine, quelquefois foulé au museau par des chevreuils ou des daims, les mains couvertes de petites bêtes. J’économisais ainsi totalement ma première paie avec laquelle je pus acquérir ma première guitare. Il était déjà 19 ans.
Les chansons coulant soudainement à flot comme une fontaine magique, je fis quasiment aussitôt mon premier concert, remisé dans une grange à l’écart, là où m’avaient placé les organisateurs d’un festival artisanal, pour ne pas trop choquer les touristes du main stream… »

3 - Sortir du spectacle

« Du courant principal, j’en reçus longtemps en pleine face, quand errant dans les rues des villes, j’observais à travers les fenêtres tous ces gens rivés devant les écrans. Toutes ces lumières blafardes annonçaient presque directement l’ectoplasmie à laquelle serait contraint de se rendre ce cher bon vieux nouveau monde.
L’ensauvagement de mes premiers concerts fit donc sourciller un certain nombre de mes quelques amis qui pour une majorité s’enfuirent à toutes jambes. J’étais grimé comme un oiseau qui aurait voulu s’envoler. J’avais des colombes plein mes valises qui quand elles s’ouvraient, frôlaient les crânes des auditeurs. Je chantais bien des chansons de femme comme tout chanteur qui se respecte, mais celle-ci était bicentenaire et contestait du haut de sa tour solitaire et dialoguait avec des guerriers ambivalents.
Et puis certaine soirée très protocolaire où l’on célébrait les chanteurs disparus, je théorisais le sens de l’humour tout en envoyant sur le public toutes sortes de projectiles : en général des cœurs de veau sortis de ma veste ou encore carottes et poireaux sortis de dessous mon manteau. Ça parlait alors tout autour de moi d’happening ou de punkitude post-contemporaine !
Un peu plus loin sur ma route enchantée, me semblant ressentir la lassitude de la cage de scène et du hall de centre culturel où s’entretenait à voix très libérée l’ensemble des dominants, il m’apparut alors évidemment tout à fait presque certain que la priorité pour protéger mes chères chansons était de sortir du spectacle, même si celui-ci collait à nos semelles comme un maudit chewing-gum. Je me mis alors à proposer l’aventure aux passants dans les rues ou dans les cafétérias ou dans les restaurants, puis enfin chez les gens, chez eux dans les maisons. J’eus alors la chance de retrouver un copain d’antan, avec qui nous nous étions accordé les meilleures libertés qui soient, dans les années fastes : Jeff Rossi.
Retrouver ainsi le secret ! Quitter l’espace public ! Tenter de sortir du spectacle. »…

Chansons en secret/ Philox

En 2017, Philox renait dans un nouveau projet, cette fois, à destination des maisons et lieux privés afin d’expérimenter divers procédés d’installation permettant d’essayer des systèmes d’étrangetés qui lui sont propres, et ainsi découvrir l’émotion véritablement enchantée au sein de fêtes où la scène a véritablement disparu… Poser la question des cultures confisquées et des collaborations systémiques menées par les artistes fait également parti des prérogatives en sous-main !!!
Explorer dans des installations spécifiques, chacune des pièces essentielles de la maison est donc un long programme. La première pièce proposée pour ce premier mouvement est la cuisine dont le répertoire associé se nomme : « Origines et métamorphoses » et qui sera offert aux convives à travers un apéritif dinatoire aux lumières étranges… La seconde est le salon dont le répertoire cette fois, se nomme « Dons et Politiques » et qui est offert à travers le processus réactivée d’une veillée.
Pour ce faire, Philox fera équipe avec Jean-François Rossi, Cécile Emy (guitares acoustiques) et Ptataz (lumières transversales)…
Cette proposition a été travaillée tout au long des années 2015-2017 en répétition avec toute l’équipe au travers de diverses résidences, essayée en générale au festival des Musicales de Nogent sur Marne au théâtre Pocket le 21 mai, du 31 mai au 2 juin pour l’association Hors Lits à Beauvais aux côtés d’autres artistes de la région… Puis donnée en première officielle à Beauvais le jeudi 28 juillet chez Jennifer,Mickaël et leurs enfants devant un parterre d’amis de la famille ayant réservé leur place…
Elle a aussi été donnée dans et tout autour de la région de Beauvais et de ses environs et tout au long de l’année 2017 permettant ainsi de toucher un grand nombre de lieux isolés du contexte culturel ordinaire… Elle pourra ainsi rejoindre certaines associations de la région travaillant en ce moment dans le même contexte et le même souci.
Une résidence est envisagée dans un lieu public permettant de donner naissance à un premier scénario de « fêtes étranges » et de témoigner ainsi du projet auprès des nouvelles structures qui fédèrent ce genre de démarche…
Les deux premiers chapitres de ce long parcours d’exploration au sein des mystères de l’être dans sa demeure pourra aussi fournir la trame d’une mise en espace scénique où nous retrouverons des éléments scénographiques des territoires exploités au sein des diverses cuisines et salons vécus.
Les publics touchés lors de ces explorations seront invités aux cours d’autres résidences avec l’équipe correspondante pour un dévoilement de ses secrets à l’univers entier et le silence des étoiles... Entre temps une collection de disques témoins sera réalisée aussi brute qu’une série d’éléments sonores anthropologiques…

Le point de vue de Ptataz, éclairagiste transversal :
La puissance de suggestion apportée par la cuisine ou le salon, ses accessoires et la multiplicité des sens convoqués permet de proposer. Goût, odeurs, saveurs couleurs chaud et froid, humide et sec, ombres et pénombre, conservation à l’abri de la lumière. L’espace de la fabrication des éléments qui se colorent et se transforment, lumières filtrées, tamisées, flammes et feu, vapeurs et chaleur, éclats et brillance des verres et d’autres ustensiles. Je ne parlerai pas du son dans cette cuisine ou ce salon, des bruits justifiés par l’usage cadencé des instruments maîtrisés. Le lieu d'une alchimie lorsque un soupçon de trois fois rien dans une grosse quantité d’autre chose donne à travers ce simple secret toute la saveur d’un moment partagé. Cultures confisquées, systèmes d’étrangetés…

Mes contacts :

téléphonez-moi au 06 47 28 89 15 ou au 09 52 48 80 07
écrivez-moi : labalayetteaciel@philox.fr
Vous voulez en connaître davantage : philox.fr ou labalayetteaciel.fr

Chansons en secret/ Programme

Philox sur scène